Donativo (Guy)
Zoreilles
2023;09
IL
FAUT SAUVER LE SOLDAT DONATIVO (MANIFESTE)
Donativo
: mot merveilleux, divin et damné à la
fois.
Il
y a de nombreuses définitions sur ce terme, mais
elles convergent toutes sur les notions de partage,
solidarité et générosité.
Super
! Théorie, certes élogieuse, mais réalité
bien différente. Leur évolution vers une
gestion en partie tarifée ou la fermeture de
certains sont à chaque fois une blessure ou un
crève-coeur qu’il faut essayer de soigner. (L'interrogation
du Carmel de Figeac, de conserver ou non le donativo,
est une nouvelle alerte).
Quelles
sont les causes de ces hémorragies ?
La
principale est évidemment l’insuffisance de flux
(dons) - pour la métaphore médicale -
mais il y en a d’autres, parfois basées sur des
croyances utopiques. Critiques bien connues à
l’encontre des donativos : pompes à fric, non
respect des capacités d’hébergement, non
imposition, concurrence déloyale… On sait bien
qu’il n’y a pas 1 seul hébergeur (privé,
public ou religieux) qui a décidé d’être
en donativo pour s’enrichir, mais cela n’est pas partagé
par tous les usagers. Que penser aussi des émissions
de TV qui promeuvent le challenge de voyager le moins
cher possible ?
Que
ce soit au téléphone ou "de visu",
j’ai l’habitude d’indiquer, non sans humour, avec le
sourire et le ton adéquats, que "donativo
n’est pas synonyme de gratuitivo", et généralement
la réponse est celle-ci "oui-oui, je sais,
je connais", ce qui n’empêchera pas de récupérer
certains jours une somme déconcertante, pour
le moins déplorable !
Ceci
étant, il apparaît que le terme donativo
soit flou chez certains.
A
plusieurs reprises, j’ai noté que des pèlerins
pensaient que les donativos percevaient des aides ou
subventions de divers organismes (état, région,
congrégations…) et les reliaient à des
associations caritatives telles que : Restos du coeur,
Secours Populaire,Secours Catholique… Il y a en fait
une méconnaissance du concept, et il faut clarifier
les choses.
Une
autre définition du donativo, plus concrète
et réaliste, consiste à dire que "chacun"
donne en fonction de ses moyens ET du niveau de sa satisfaction".
L’accueil ne se limite pas à la qualité
des services (propreté, restauration, confort).
Un pèlerin sera d’autant plus satisfait et reconnaissant
si on l’écoute, le guide à différents
stades sur son étape et les suivantes. A contrario,
l’hospitalité a ses limites. Pousser les murs,
ne pas respecter sa capacité de couchage au nom
de la générosité peut parfois être
mal perçu, et être considéré
comme étant un souci de rentabilité, et
donne finalement une mauvaise image du donativo. Il
y va du respect des pèlerins, mais aussi des
hospitaliers.
Maintenir
ou non un donativo et sous quelle forme ?
Je
me souviens d’une conversation téléphonique
il y a quelques années avec une religieuse qui
s’interrogeait sur le maintien de leur gîte pèlerin
en 100% donativo, et la suggestion était de joindre
à la boîte en question une alerte en indiquant
des prix de revient ou en mentionnant le minimum pour
assurer la pérennité du gîte, avant
de remercier le pèlerin pour sa générosité.
Ainsi,
le message serait clair et incitatif, sachant qu’on
n’évitera jamais les filous, les assistés
et les jean-foutres ! En théorie, tout le monde
a une idée précise des coûts des
prestations, si bien que je me suis toujours refusé
de donner une indication de don, sauf que cette année
2 groupes distincts de pèlerins me l’ont demandé.
Résultat
: les 2 fois, tous les participants ont versé
le montant suggéré. Bonne quête.
Question
de fond : ne faut-il pas parfois déroger à
la règle, plutôt que récolter un
pauvre donativo, et être amené ensuite
à changer son fonctionnement ? Quid d’instaurer
et exposer une charte du style :
Ami
pèlerin,
Sache
que venir dans un donativo t’engage et implique une
démarche éco-responsable
Sache
qu’en ne respectant pas les autres, c’est toi que tu
ne respectes pas
Sache
que si tu es content de bénéficier des
dons de tes prédécesseurs, tu seras joyeux
d’en faire profiter d’autres ensuite
Sache
que tu dois respecter les hébergeurs et les hospitaliers
- tous bénévoles - qui font de leur mieux
pour t’accueillir et qui sont "des anges gardien
du chemin" (ainsi qualifiés dans certains
ouvrages)
Sache
qu’en ne "jouant pas le jeu", tu es responsable
du changement de gestion des donativos et pire, de leurs
disparitions
Sache,
et c’est le plus important, que le jour où il
n’y aura plus de donativos, c’est l’Ame du Chemin qui
aura pris une grande claque, et que divers anges sur
ton parcours auront leurs ailes bien plombées
!
"On
ne récolte que ce que l’on sème"
Alors,
sois honnête et généreux si tu peux
; ne te plains pas si la discrimination s’intensifie,
et VIVE LE DONATIVO !
Pour
terminer sur un aspect plus positif et réconfortant,
saluons ceux qui résistent (Espeyrac, Rocamadour,
Lectoure, Vézelay, SJPDP, dans les Landes et
ailleurs, et réjouissons-nous d’une prochaine
naissance de donativo à Bayonne et de la renaissancede
celui de Bonneval.
Guy
(hospitalier)
fervent
défenseur du donativo (si vous ne l’aviez pas
compris ☺)
gdelatour92@gmail.com
PS
: le mot Pèlerin est employé dans le sens
global de Marcheur, sans distinction. Remerciements
aux hospitaliers et religieuses qui m’ont aidé
/ poussé à écrire cette apologie.
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delhommeb
at wanadoo.fr - 01/10/2023
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